Votre écrivain, ses romans, vos coups de coeur

Belle semaine du 3 septembre 2011

La ligne blanche,  d’Olivier Torres

N’étant pas père d’un adolescnt, j’étais particulièrement ouverte à ce sujet. Sauf que le Père est un personnage tellement déplaisant, repous­sant malgré sa belle gueule, qu’il cannibalise le film. Impossible de l’oiublier, de voir le reste, sauf une scène totalement incompréhensible d’une bagarre en famille, où il manque les phrases clefs, comme si on avait coupé « à la hâche » dans le scénario. Vraiment pénible. Dommage pour le petit jeune,  Julien Bouanich, qui aurait  mérité une petite place sur la pellicule.

Bref, cette prétention du réalisateur qui a des réponses à des questions qu’il ne se donne pas la peine de nous poser est franchement pénible.

 

This must be the place, de Paolo Sorrentino.

Evidemment, il y a Sean Penn. Il faut lui reconnaître ce culot d’oser ce personnage ahurissant, ce zombie mal maquillé et ébourriffé, qui traine une valise sur roulettes durant tout le film. Une vieille rock star qui vit dans une sorte de manoir plutôt kitsch (j’adore le petit chien qu’on voit cavaler devant le manoir, la tête prise dans ces cones de plasrique blanc pour soigner leurs otites). Bref, à la cinquantaine, la mort de son père le sort de son quasi coma, et il se met en tête de partir aux trousses du salopard qui l’a torturé à Auchwitz. O ne nous donne aucune exlication : il pourrait aussi bien aller à la recherche des descendants de Gengis Kahn, ou autre fadaise. Bref, il y va, on s’ennuie aussi ferme que lui, on a un éclat de rire de temps en temps (« peu importe la marque, il suffit de mettre de la poudre avant la pose du rouge à lèvres » conseil sussuré dans un ascenseur bondé de blondasses apparement ignares),

Il va finir par retrouver le barbare, accomplir sa vengeance, dont on se contentera de dire qu’elle est aussi ignoble que dérisoire.

Mais bon, j’aime Sean Penn, son culot, sa nonchalance blasée, son nihilisme. Allez-y, on en reparlera.

 

Tu seras mon fils, de Gilles Legrand.

Par contre, Niels Arestrup m’insupporte depuis toujours. Je sais, il assure, il fait le job, plutôt bien, mais il y a répulsion, si je puis dire. Si bien que la fin que le scenario lui réserve m’a (je l’avoue du bout des lèvres, mais j’assume) réjouie. Face à ce monstre qui vampirise le film, Lorant Deutch a du mal à émerger, et c’est dommage. Donc, le portrait d’un salopard qui se prend pour le roi du monde, et qui n’est, en fait, que le roitelet du chateau. Il a l’argent, mais ce sont les autres qui ont le talent.. qui lui ont permis d’avoir cet argent. En fait, c’est sans doute ça qu’il n’a pas digéré.. On apprend quelques secrets de famille (c’est curieux, ce sont toujours les mêmes, des histoires de bâtardises ou de morts plus ou moins claires...)

A vous de voir !

 

R.I.F. (Recherche dans l’Intérêt desFamilles), de Francis Mancuso.

C’est de la belle ouvrage, ça, madame. Pêchue, scénario bétonné, tellement d’ailleurs qu’avec quelques secondes de décalage, on connaît la scène suivante. J’aime bien Elbé et Yvan Attal, alors on ne s’ennuie pas trop. En gros, un flic costaud dont le mariage vacille, part en vadrouille pour recoller son couple. Sauf que sa femme est enlevée sur une aire d’autoroute. Enquête prise par un gendarme sympa, celui qu’on aimerait avoir en cas de coup dur. Sauf que, (devinez-quoi !) le flis finit par être soupçonné du meurtre de sa femme (j’en étais sur le c... !). Evidement, il fait ce qu’il faut faire : disparaître, parce que  lui seul est capable de débrouiller l’affaire, ce qu’il aurait du mal à faire depuis une cellule de prison. Ah oui, pour le côté émotion, il y a là le fameux gamin de 6 ans, avec son doudou informe et qui réclame sa maman.

Voilà. C’est de bonne facture, de tenue correcte, rien à redire. Pas grand chose non plus, à en dire.

 

Habemus papam, de et Nanni Moretti.

Ce n’est pas un chef-d’oeuvre, c’est un pur bonheur de cinéma. Nous avons un nouveau pape (qui est appelé Araignée) qui est pris d’une prise de panique complètement incontrôlable lorsqu’il apprend qu’il est nommé à régner. Cet artiste, l’un de nos plus grands – nous file carément la trouille lorsqu’il a ce regard d’un Alzeimher traqué – heureusement on respire dans ses clins d’oeil. Le fil n’est pas politique­ment criticable sur le catholicisme, mais gentiment (ou perfidement, je dirais !) moqueur. On peut facilement imaginer les affres de l’armada des avocats qui ont dû éplucher chaque virgule, et le blanc après la virgule, tant le Vatican est moins bien pourvu en humour qu’en vélléité de soigner son image (et les moyens qui vont avec).

Bref, un vrai bonheur, vous dis-je...

 

Présumé coupable, de Vincent Garenq.

Même les Papous sont au courant de la sortie du film (sauf qu’ils n’ont pas encore l’image sur le tam-tam, mais ça viendra). Donc, « l’affaire d’OUTREAU », incontestablement un scandale dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire. Ce qui me trouble, c’est la destination de cette « dénonciation » : fait-on la leçon à la Chancellerie ? Mets-on en garde le voisin « qui n’a rien vu, bien sûr, mais y’a pas de fumée sans feu, m’dame » ? L’incurie de la procédure est patente, et la Justice a bien sû finir par le reconnaître. Mais que de vies brisées (dont un suicide en prison) pour un aussi pitoyable aveu, et du bout des lèvres encore, de la Chancellerie contre son, fonctionnement.

Au fait, le juge Dargaud a été sanctionné... d’un blâme !

A voir, mais il y a mieux cette semaine.

 

Neds, de Peter Mullan

L’Ecosse, année 1973, banlieue ouvrière où violence, chômage, alcool font des ravages. A l’époque (rien de nouveau sous le soleil, donc !), on ne s’occupe guère de l’avenir des gamins. Les directeurs ont l’exclusion facile, et des bandes de gosses déscolarisés, sans repères familiaux, s’affrontent. Un jeune de quinze ans est lui, fort prometteur : ses professeurs tentent de le sortir de la nasse, mais, sans explication valable, John va se laisser glisser, et rejoindre la bande de son frère. Il y a là, bizarrement, un retournement chez le cinéaste : on sort de cette image noire, violente, de bagarres incessantes, pour basculer dans l’univers où John se retranche, monde onirique et tendre. Je préfère y voir un symbole d’espoir...

A voir !

 

Au revoir, de Mohammad Rasoulof.

(Dans la bande-annonce, il était annoncé que Rasoulof, dans un procès en Cours de Cassation, risque SIX ans de prison pour activités subversives. A suivre).

Décidemment, l’Iran nous gâte ! Après Ashgar Farady (Une séparation, A propos d’Elly, La fête du feu), voici un film magnifique, oppressant, où la femme est sous la botte de l’homme, même s’il n’y est pas favorable, mais c’est la loi... et tous, d’ailleurs, sont sous la botte d’un Etat que notre jeune héroïne veut fuir, pour que son enfant naisse « ailleurs ». Cet Iran, que  nous découvrons (je veux dire nous, public cinéphile, pas les hommes politiques qui, eux, cautionnent, donnent froid dans le dos.

Une jeune avocate, dont son pays lui interdit de travailler, est séparée de son mari, journaliste « dissident » recherché. Elle est enceinte, il faut fuir. Mais rien n’est facile, et c’est un euphémisme !

L’image est sombre, dans les rues chacun rase les murs. Une des choses que j’ai remarquée dès le début, et qui n’a pas cessé de me poursuivre, est l’tilisation du vêtement féminin : selon la personne à qui elle s’adresse, la démarche qu’elle doit faire, la personne qui sonne à sa porte (des policiers qui perquisitionnent sans vergogne ni autorisation) le vêtement, disais-je, s’adapte : Leyla ne cesse de mettre, de retirer, de changer, de draper autrement, ces châles sinistres qui finissent par l’ensevelir. C’est glaçant.

A NOTER : Une excellente (et éclairante) interview du réalisateur sur Rue 89. Surtout ne la manquez pas, pas plus que le film d’ailleurs !

S’il vous plaît, ALLEZ-Y ! Si le cinéma n’a jamais démis un tyran, on sait depuis le printemps que ces régimes DETESTENT être ainsi mis sous la lumière

Bon film ! 

 

Putty Hill, de Matt Portefield

A Baltimore, contemporain. Un adolescent est mort d’une overdose. Nous ne saurons rien de sa propre existence, mais son cercle d’amis, de famille, se retrouvent pour tenter d’élucider ce drame. Chacun, à travers une remarque, un souvenir, dessine cette classe sociale, ce monde où le travail, l’argent, les valeurs sont en chute libre. C’est magnifique, on oscille entre fiction et documentaire, mais l’image trouble, claire-obscure, est magnifique. Le propos, lui, est désespérant...

A voir absolument !



10/09/2011
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