Jolie semaine du 7 septembre 2010
Jolie semaine, oui, avec du cinéma, pas de la banale pelloche sans âme.
D’ordinaire, je respecte la chronologie de mes séances, mais exceptionnellement je dois vous faire part, pour votre week-end, d’une authentique petite merveille argentine Le dernier été de la Boyita, de Julia Solomonoff. (Au passage, le cinéma argentin est d’une belle vitalité ! Nous avons eu cette année trois autres films merveilleux ! Lluvie, Puzzle…)
Il y a là la pampa argentine et ses étés chaud-bouillants ; une enfant, qui souffre de la séparation de ses parents et choisit des vacances avec son père dans leur hacienda, avec élevage de boeufs et courses rustiques de chevaux. Je ne vous dirai bien sûr rien de l’intrigue ; même quand on commence, après moults hypothèses, à comprendre la vérité, il nous reste le jeu, incroyable de sensibilité, de ces enfants.
J’espère que, Parisiens, vous vous précipiterez dans les MK2... C’est leur sortie en France qui garantit à ses cinéastes « autres » leur survie internationale... et nationale !
Retour à ce lundi, avec la Palme d’Or 2010 de Cannes, Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, d’Apichatpong Weerasethakul (ouf !)
Il en a beaucoup, de vies antérieures, cet oncle ! Tandis qu’il agonise entre deux dialyses artisanales, avec ses proches, les actuels et les morts. Nous avons là des errances dans une forêt profonde, obscure et bruissante, avec ce son étouffé tout particulier ; un bain où une princesse s’étonne de son reflet magnifié dans l’eau d’un petit étang, à travers le poisson-chat auquel elle va finir par s’offrir pour un orgasme inattendu, dans la rumeur de la cascade ; et bien d’autres lieux, dont un passage où l’on se faufile dans une grotte-labyrinthe hallucinée, très anxiogène avec ses formes rondes, presque obcènes. Voilà le film, dans toute sa poésie.
Il y a des passages bénis, il y en a d’autres plus rébarbatifs. Donc, on aime ou on n’aime pas ! Il faut se laisser porter, faute de se noyer et de s’enquiquiner ferme.
La salle était – pour le moins – partagée. Ce qui est certain, c’est que si Tim Burton n’avait été président du Jury, cet Oncle Boonmee serait resté dans les tiroirs-mouroirs des exploitants !
On m’avait mis en garde contre Krach de Fabrice Genestal, façon « attention navet ». Non, c’est une bon petit film serré, tendu, avec des traders fous, mais auprès duquel Kerviel est un trader à la manque, au regard duquel les sommes manipulées là sont en hausse vertigineuse. Enfin, la morale sera sauve à la fin des fins, tant le capitalisme a mauvaise réputation, par les temps qui courent. Pas un navet donc, mais pas indispensable.
Benda bilili ! de Renaud BARRET et Florent de la TULLAYE. C’est pêchu, quand on voit ces bancroches, vivant dans leurs fauteuils roulant bidouillés de bric et de broc, à la limite du crédible ! Mais c’est, hélas, tout à fait vrai. Avec l’aide des deux réalisateurs, ils vont finir par enregistrer un disque qui fera une sortie mondiale. On retrouvera les musiciens, dont le jeune Roger qui joue d’une guitare ( ?) bricolée avec un bout de bois courbé, une boite de conserve et une unique corde. Nous les retrouverons, après moult péripéties, au Festival d’Eorockéennes de Berlfort, et c’est le tabac. Belle aventure humaine ! On sort de là avec un moral d’acier, le sourire aux lèvres et les oreilles tintantes.
American trip de Nicolas Stoller. On pouvait tout craindre, et on s’amuse beacoup ! Un sympahique rondouillard est chargé de convoyer son idole, une rock-star, de Londres à Los Angeles, en 3 jours chrono. C’est un sacré challenge, et notre convoyeur avale bien des couleuvres... mais on rit beaucoup ! C’est plutôt rare pour être signalé... A bon entendeur !
Lost persons areas, de Caroline Strube. Une affaire d’amour dans un paysage de pylones de très haute tension, plantés dans un champ sinistre. La maison en préfa, les vents qui balaient méchamment ce décor sinistre. Le couple a une très petite fille, qui passe une demi-heure à l’école (essentiellement pour faucher des crayons et des babioles) avant de s’éclipser pour errer sur les routes du coin. Le mari finit par tomber d’un pylone, à force d’y faire le singe, un ingénieur fort séduisant arrive alors que le mari est à l’hôpital pour une amputation...
La solitude – les solitudes – y son traitées avec des bonheurs divers. Certains caméras portées sont fatigantes, mais c’est à voir quand même...
A la semaine prochaine (Il y aura du lourd…)